du Vide à l'Inconnu... III : Blood on the wall and fingers in pieces
Un peu de désespoir pour finir la semaine
Comme une rage indescriptible qui sortirait du tréfond de l'estomac. Expulser cette rage en tapant sur un mur. Comme une envie d'avoir mal. Et une fois qu'on a mal, envie d'avoir encore plus mal, comme si la douleur appelait la douleur. Avoir mal physiquement pour oublier le mal plus profond. S'exploser les phalanges, comme une punition, aussi.
Il a finalement suffit de bien peu de chose pour que cette rage, sourde et tapie au fond, ressurgisse. Il a suffit d'une engueulade. Une engueulade, comme je pensais que seule ma mère pouvait en dispenser, et toutes les barrières ont explosé. Parce que finalement, le travail c'est, pour moi, beaucoup (trop) de pression. C'est dans un premier temps ne pas être réellement moi. C'est être seulement une partie de ce que je suis, celle dont je pense que la dévoiler ne me nuira pas. C'est surveiller tout ce que je dis et fais pour éviter l'impair. Et c'est donc, finalement, ruminer des tas de choses qui seraient dehors que dans ma tête.
C'est parfois aussi ne pas me sentir à ma place. Etre le jeune face à des plus vieux Différence de mondes, donc. Différences de conversations, de centres d'intérêts. Etre celui qui n'y connait rien face à des plus chevronnés. Alors certes c'est intéressant lorsqu'on parle de politique, géopolitique et histoire, mais sinon j'ai pratiquement tout le temps l'impression d'être en décalage. Car au milieu de gens déjà parents, j'ai l'impression que tout ce dont j'aime parler n'a pas sa place : musique, utopie, les soirées, les potes, les fringues, mon aversion pour la période dans laquelle je vis. Frustrant, donc.
Mais le plus frustrant, c'est sans doute le travail en lui-même. Etre obligé de faire ce qu'on me dit, ce dont j'ai horreur. Aucune place à l'initiative pour le moment, remplir des cadres et des modèles, c'est tout. Et de ce fait, se sentir inutile. Comme-ci on ne servait de moi que pour mon diplôme, pas pour ce que je suis.
Mais cette rage n'est pas seulement causé par les autres. Cette colère je me la dois aussi. Je parlais de punition au début de cette chronique : rage et punition pour ne pas être et ne pas arriver à être celui que je voudrais. Toujours stresser, réfléchir, prévoir, anticiper. Paniquer à la moindre occasion, douter, tout le temps.La détresse de se sentir (savoir?) inférieur. Ne pas arriver à être fort, se laisser submerger par les sentiments, et donc abandonner le rationnel. Agir en fonction de ce que pourrait penser d'hypothétiques Autres, et donc ne jamais oser. Bref, ne pas arriver à simplement être.
Pour m'extirper de ce marasme psychologique, toujours pas encore d'âme soeur. Heureusement Pink Floyd est encore là. Atom Heart Mother, 23 minutes pour redevenir zen, c'est hallucinant.
Pour conclure, je vous rassure mes poings ne sont pas encore en miettes sur un mur. Quelqu'un à qui je tiens m'a dit un jour que ça ne servait à rien. Ce n'est pas faux, mais un coup de temps en temps, ça soulage. Et puis sous peu ma rage va être gravée sur mon bras, cela faudra tous les murs du monde.